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TRIBUNE LIBRE

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 « Je l'accepterai quand les Harkis l'obtiendront avant les acteurs ».

Richard BOHRINGER

refuse la Légion d’Honneur

par solidarité aux Harkis

 

SAISISSANT…mais ô combien EXEMPLAIRE !

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par Gisèle Rassoul - Guérinel

Quoi de plus honorable que de refuser une haute distinction par solidarité envers les Harkis ?

Richard BOHRINGER l’a fait.

Quel exemple ! Nommé pour être distingué dans l’ordre de la Légion d’Honneur, Richard BOHRINGER a purement et simplement refusé cette distinction.

Interrogé par un journaliste sur les raisons qui l’ont conduit à un tel refus, il a répondu :

 

« Je l'accepterai quand les Harkis l'obtiendront avant les acteurs ».

 

 

Nous tenons à féliciter Monsieur BOHRINGER pour cet acte qui honore à lui seul la communauté Harkie. Cette décision restera marquée dans les mémoires car elle exprime la reconnaissance que la France aurait dû avoir pour l’ensemble de la communauté.

 

Par cet acte, Richard BOHRINGER honore au plus haut point nos pères qui ont défendu au péril de leur vie les couleurs de notre Patrie. C’est précisément en refusant cette distinction, qu’il accomplit un acte remarquable valant toutes les distinctions.

 

Au-delà de la dignité de son geste, il faut retenir la force du message adressé d’abord à nos Gouvernants, tant le manque de reconnaissance réelle du sacrifice consenti par nos pères, ces fidèles et valeureux Soldats de France, est criant et intolérable.

 

Richard BOHRINGER leur inflige une « claque » assourdissante qui devrait les conduire à revoir leur copie quant à cette frénésie des médailles décernées ça et là, dans l’espoir d’asservir certains d’entre nous, ceux de la deuxième génération de Harkis.

 

En effet, il faut également voir en ce geste, un message adressé à ceux qui devraient être les premiers à donner cette leçon de dignité et garder une liberté de parole et d’action, et qui pourtant acceptent une médaille pour de prétendus services distingués, qui vrais ou supposés, n’en restent pas moins sans commune mesure avec le très haut niveau de mérite qui revient à nos pères, pour leur loyauté, leur fidélité à la France, et le lourd tribut que la France leur a infligé toute leur vie durant. Sans oublier nos mères qui ont tant souffert en regardant, impuissantes, souffrir leur époux victime de la haute trahison française.

 

Richard BOHRINGER - l’Homme - mérite d’être grandement salué par cette intense marque de solidarité pour nos anciens.

 

C’est en cela qu’il est exemplaire, tout comme a pu l’être sur ce point, Philippe Séguin, qui a refusé la Légion d'honneur car son père, tué par les Allemands en septembre 1943, était mort sans la recevoir.

 

Et nous, nos pères, n’ont-ils pas vécu toute leur vie ou morts dans la souffrance de cette

Guerre, sans recevoir de Légion d’honneur, ni même l’ordre national du mérite ?

 

Les enfants de Harkis sont-ils si inconscients pour accepter « ce ruban malheureux et rouge

comme la honte » comme l’a qualifié le chanteur Léo FERRE pour anticiper toute volonté

de le distinguer de la Légion d’Honneur.

 

Refuser ces distinctions, c’est rester libre !

 

Le peintre Gustave COURBET l’a très bien exprimé en refusant cette distinction en ces termes : « Souffrez donc, Monsieur le ministre, que je décline l'honneur que vous avez cru me faire. J'ai cinquante ans et j'ai toujours vécu libre. Laissez-moi terminer mon existence libre ! Quand je serai mort, il faudra qu'on dise de moi : celui-là n'a jamais appartenu à aucune école, à aucune église, à aucune institution, à aucune académie, surtout à aucun régime, si ce n'est celui de la liberté. »

 

 

Un autre artiste, le dessinateur Tardi, expliquera lui aussi être « farouchement attaché à sa

liberté de pensée et de création », souhaitant « ne pas être pris en otage par quel que pouvoir

que ce soit ».

 

Refuser ces distinctions, et le faire savoir publiquement, ce serait aussi faire avancer la cause Harkie !

 

Annie Thébaud-Mony, chercheur en santé publique, qui a dit non à toute distinction, révèle : « Mon refus a été plus porteur de mobilisation que si j’avais dit oui ». Elle dit avoir refusé cette distinction afin de dénoncer « l’indifférence » des pouvoirs publics au problème de la santé au travail, ce qui lui a permis de faire bouger les mentalités.

 

N’est-ce pas précisément le même combat que nous devons mener au service de notre communauté ? Faire évoluer les mentalités pour qu’enfin notre réelle histoire et les souffrances endurées soient collectivement connues et reconnues ?

 

Refuser ces distinctions, c’est aussi un devoir de déontologie !

La communauté Harkie est aussi en droit de bénéficier d’un devoir de

déontologie de la part des représentants d’associations qui doivent

présenter les garanties d’une action totalement désintéressée, comme

l’ont très bien exprimé les journalistes Marie-Eve Malouines et

Françoise Fressoz qui ont refusé cette distinction en rappelant que,

« pour exercer librement sa fonction, un journaliste politique doit

rester à l’écart des honneurs ».

 

 

On retiendra des différents cas de refus d’une haute distinction, qu’ils soient anciens ou contemporains, que les personnes qui en sont à l’origine soit par modestie, soit par attachement à une cause, soit encore par volonté de conserver sa liberté, forcent le respect par leur dignité et leur courage de dire NON…

 

Gisèle Rassoul-Guérinel, fille de Harki

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