top of page

Qui sont les Harkis ?

Bref rappel historique

D'où vient le terme "HARKI" ?

Un harki désigne, au sens strict, une personne servant en Algérie coloniale dans une formation paramilitaire, une harka. Il vient du mot arabe "haraka" signifiant littéralement « mouvement ». 

Qui était le Harki ?

Le Harki était soldat de France pendant la Guerre d'Algérie de 1954 à 1962. il s'est engagé à ses côtés dans un but bien précis : celui de défendre la terre d'Algérie qu'il aimait tant contre ceux qui la ravageaient et terrorisaient ses habitants.

Reportage - Archives INA

Comment sont nés les Harkis ?

1er novembre 1954, insurrection algérienne qui marque le début de la Guerre d'Algérie. Durant les deux premières années de la guerre, des hectares de récoltes furent incendiées, des fermes brûlées, des écoles détruites, des habitants furent sauvagement assassinés...par les rebelles du FLN (Front de Libération Nationale. L'injustice, la terreur, l'autoritarisme et les violences perpétrées contre leurs frères furent les piliers sur lesquels les membres du FLN guidaient leurs actions au nom du désir d'indépendance.

Cette violence va donc susciter le ralliement aux côtés de l'armée française de populations entières : douars, tribus et familles complètes. La réaction humaine de ces populations était de d'organiser leur défense.

L'attachement à la Patrie Française était également l'un des moteurs de ce ralliement, attachement patriotique qui s'était précédemment exprimé durant les guerres successives (1914-1918, Indochine) auxquelles de nombreux musulmans ont participé dans les rangs de l'armée française.

Une guerre psychologique, révolutionnaire et subversive va être menée. L'objectif aussi bien du FLN que de l'armée française va être de conquérir la population. Au sein du FLN, les recrutements se multiplient. L'une des conditions de ce recrutement était d'ailleurs de prouver l'assassinat d'un ou plusieurs fidèles de la France. 

Certains officiers forts de l'expérience acquise lors de la Guerre d'Indochine, comprirent l'urgence et la nécessité de défendre ces populations sans défense. Aussi, la création des premiers groupes de supplétifs (Harkis) fût décidée et entreprise : tous volontaires pour défendre leurs familles et leurs biens, ces valeureux soldats de la Paix étaient de bons et loyaux serviteurs de la Patrie en danger. Ils n'étaient aucunement payés. ce n'est que beaucoup plus tard que furent créées les premières unités de supplétifs avec solde, car les hommes n'étant plus aux champs, il  fallait bien faire vivre leurs familles. En réalité, le statut de ces combattants n'a jamais été réellement défini pour garantir à eux-mêmes et à leurs familles, une vie normale et une assurance en cas de malheur.

Quel était le rôle des Harkis ?

Les Harkis avaient pour mission de protéger les hameaux, les villages contre le terrorisme. Ils participèrent aux actions offensives de l'armée, et furent utilisés comme éclaireurs puisqu'ils connaissaient parfaitement la région. Certaines catégories de supplétifs furent incorporés dans les GMS (Groupe Mobile de Sécurité), d'autres dans les GAD (Groupe d'Auto-Défense), ou dans les Makhzens des SAS (Sections Administratives Spécialisées).

Harkis.jpg

Des Harkis au Service de la France

Sollicités puis trahis...

Une guerre épouvantable va bouleverser le pays. Malgré un espoir de paix qui naîtra en 1960 lorsque les bandes du FLN sont peu à peu anéanties et rejetées hors des frontières, un renversement des événements nous conduit au cessez-le-feu déclaré le 19 mars 1962, suivi par la signature des funestes Accords d'Evian permettant ainsi au FLN de triompher. 

femme mari mort.jpg

Une femme pleurant son mari  Harki lâchement assassiné

Le Général De Gaulle voulait en effet, selon ses propres termes, se "débarrasser rapidement de ce bourbier", et n'hésita pas à livrer l'Algérie aux activistes du FLN.

 

Les Accords d'Evian ne prévoyaient aucun dispositif pour préserver la population locale pro-française contre les représailles du FLN devenu maître des lieux.

Les Harkis furent désarmés par l'Armée française et n'eurent d'autre possibilité que de retourner dans leur village, les casernes de l'armée française refusant tout refuge et ayant reçu l'ordre officiel de ne pas intervenir.

Commence alors le génocide des Harkis engagés aux côtés des Français : supplétifs, élus, fonctionnaires, anciens combattants et anciens militaires. 

Pendant la semaine qui suivit l'indépendance, des dizaines de milliers de Harkis furent CAPTURES ET MASSACRES, parmi eux des femmes, des enfants et des vieillards.

De_Gaulle_qui_réflechit.jpg

De Gaulle réfléchit au moyen de se "débarrasser de ce bourbier"

LE POUVOIR QUI TUE...

S'il est vrai que les massacres ont été perpétrés par le FLN, il n'en demeure pas moins que De Gaulle, Messmer et Joxe les ont permis. Il faut se souvenir qu'une directive officielle exigeait le renvoi vers Alger des Harkis débarqués à Marseille, ce qui fut appliqué et donna suite au massacre de ces Harkis sur le port.

Louis Joxe, Ministre chargé des affaires algériennes, va interdire officiellement et fermement le rapatriement des supplétifs (Voir message de Louis Joxe du 12 mai 1962).

Fort heureusement, des officiers dignes de ce nom et de cette qualité, au nombre hélas très limité, n'ont pu supporter une telle situation. Ils ont décidé de désobéir à ces consignes et de respecter la parole donnée à leurs hommes : NE PAS LES ABANDONNER.

 

Ainsi, furent dirigés les premiers Harkis sur le métropole, ce qui entraîna de sanctions disciplinaires pour les organisateurs.

Pierre Messmer (alors Ministre des Armées) a en effet donné des directives pour sanctionner sévèrement les officiers qui rapatriaient leurs hommes clandestinement. La seule défense de M. Messmer plus tard consistait à dire "Cette directive n'a jamais été appliquée", alors que des officiers ont été sanctionnés par de la prison pour ne pas avoir failli à leur parole !

 

Quelques familles de Harkis furent donc rapatriées. Des camps de transit : Bourg Lastic (Puy de Dôme), Saint Maurice l'Ardoise (Gard), Rivesalt (Pyrénées orientales), LARZAC (Dordogne) furent établis pour les "héberger", puis les diriger pour le plus grand nombre, vers des hameaux de forestage.

Entre 1962 et 1974, plusieurs dizaines de hameaux de forestage sont installés dans divers départements français.

MESSAGE DE LOUIS JOXE DU 12 MAI 1962

N R 1676 TRÈS SECRET PRIORITÉ ABSOLUE

MINISTRE ETAT CHARGE DES AFFAIRES

ALGÉRIENNES

A

HAUT COMMISSAIRE DE LA RÉPUBLIQUE EN

ALGÉRIE ROCHER NOIR-NR 223/Z

SUITE NOTE 215/ DE CE JOUR

Les renseignements qui me parviennent sur le rapatriement prématuré de supplétifs indiquent l'existence de véritables réseaux tissés sur l'Algérie et la Métropole dont la partie algérienne a souvent pour origine un chef de SAS.

Je vous envoie au fur et à mesure la documentation que je reçois à ce sujet. Vous voudriez bien faire rechercher tant dans l'armée que dans l'administration les promoteurs et les complices de ces entreprises et faire prendre les sanctions appropriées.

Les supplétifs débarqués en métropole en dehors du plan général de rapatriement seront en principe renvoyés en Algérie où ils devront rejoindre avant qu'il soit statué sur leur destination définitive. Je n'ignore pas que ce renvoi peut être interprété par les protagonistes de la sédition comme un refus d'assurer l'avenir de ceux qui nous sont demeurés fidèles.

Il conviendra donc d'éviter de donner la moindre publicité à cette mesure mais ce qu'il faut surtout obtenir c'est que le gouvernement ne soit plus amené à prendre une telle décision.

Louis JOXE

hameau forestage.jpg

LA RELÉGATION

La politique "hameaux de forestage", traduction de la volonté d'exclusion par les pouvoirs publics, va s'avérer désastreuse dans la mesure où elle s'est accompagnée d'un isolement total de la population Harkie. Ces conditions de vie ont engendré des conséquences déplorables notamment au niveau de la scolarité, de la santé, de l'intégration sociale et professionnelle...

Les conditions d'insalubrité et de promiscuité de ces baraquements vont également aggraver les multiples problèmes liés à un rapatriement précipité, et un accueil non désiré par certaines communes.

Ces hameaux, qui à l'origine étaient destinés à être temporaires, vont être maintenus durant des décennies. Aujourd'hui encore, certains de ces hameaux sont encore existants et apportent un témoignage visuel des conditions de vie indignes de la population Harkie.

>>Voir le hameau de forestage de la commune de Collobrières

bottom of page