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TRIBUNE LIBRE

L’attribution de distinctions notamment la croix dans l’ordre national du Mérite aux Harkis de la deuxième génération n’a pas manqué de faire réagir Mostefa REMADNA.

 

La publication des décrets décernant les médailles dans l’ordre national du Mérite a provoqué ma surprise, qui a très vite laissé place à un sentiment de désolation.

 

Inutile de mener une longue réflexion pour percevoir les conditions d’attribution de ces médailles et les raisons de cette attribution.

Par Mostefa REMADNA, fils de Harki activement engagé

Médailles de la manipulation et de la division !

En ce qui concerne les conditions d’attribution, personne n’a vu arriver cette manœuvre, élaborée en catimini, et tenue en secret d’Etat jusqu’à la publication des décrets.

Seule une minorité des membres de la communauté Harkie était informée du projet d’attribution de ces médailles, et s’est même chargée de trouver les futurs récipiendaires. La quasi-totalité des représentants d'associations n’a pas été informée des démarches entreprises pour promouvoir un contingent de membres issus de la communauté Harkie de la deuxième génération.

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Or, le rapport du Préfet CEAUX indique en page 87 : "Par ailleurs, l'identification des Harkis non-encore décorés ne sera permise que par une coordination renforcée entre les services de l'Etat et les associations de Harkis qui, pour l'essentiel, sont les seules à détenir les informations pertinentes".

 

Il y a là une forte contradiction entre la théorie et la pratique : d’un côté on admet que les associations sont les seules à détenir des informations fiables sur les mérites des Harkis à distinguer, et d’un autre, on s’abstient de les associer à cette démarche de promotion.

 

Pourquoi cette abstention ? Est-elle délibérée ?

 

J’ai l’intime conviction que c’est le cas pour plusieurs raisons.

 

Le premier but était d’abord d’agir le plus vite pour que personne ne puisse compromettre le plan établi.

 

Ensuite, il s’agissait de susciter auprès de certains récipiendaires de ces médailles un sentiment de gratitude, devant les conduire à un devoir moral de dévouement vis-à-vis des dirigeants ayant permis cette distinction et plus généralement aux représentants de l’Etat.

 

Le troisième but de cette manœuvre est de créer, à nouveau, la division des membres de notre communauté.

 

Nous sommes en effet une communauté, qui par définition, est un groupe social dont les membres ont des intérêts communs. C’est cette communauté d’intérêts mais aussi d’actions qui crée la synergie et la force du groupe.

 

Conscients de la force que peut potentiellement représenter notre union, les pouvoirs publics pratiquent la stratégie de Louis XI « Diviser pour mieux régner ».

 

Si certains méritent cette distinction, le choix de quelques récipiendaires n’est pas le fruit du hasard, puisque au-delà de la manière dont ces distinctions ont été réalisées, les mérites attribués à certains sont loin d’être avérés ou reconnus par la communauté.

 

D’ailleurs, si les mérites étaient si évidents, pourquoi ces derniers n’ont pas été dirigés vers la procédure de droit commun ? Comme tout citoyen Français ? Sommes-nous des Français à part entière ou des Français entièrement à part pour que nous fassions toujours l’objet de mesures spécifiques ?

Pourquoi ne pas appliquer la procédure traditionnelle et officielle ?

 

Certainement car cette procédure répond à des exigences telle que la réalisation d’une enquête pour s’assurer de la moralité du candidat, de la qualité et de la réalité des services distingués au titre desquels le récipiendaire doit être décoré de la médaille.

 

Certainement car une série de services compétents, notamment le Préfet, doit avaliser la proposition de promotion.

 

Au vu des objectifs réels des pouvoirs publics énumérés plus haut, appliquer la procédure officielle n’aurait évidemment pas permis d’atteindre ces objectifs.

 

Quoi de mieux, donc, que d’imaginer cette procédure dans le cadre du groupe de travail du Préfet CEAUX et lui donner une concrétisation par la préparation des décrets en catimini.

 

Cela prouve bien que le projet d’attribuer ces médailles est un choix imposé par les représentants de l’Etat, et répond à une commande politique pour atteindre les objectifs précédemment décrits.

 

Mais au-delà, j’ai compris l’utilité de ces hochets distribués au nom de l’Etat. Les têtes pensantes espèrent, à tort, que ces distributions apporteront quelques milliers de voix supplémentaires aux prochaines élections.

 

Voilà pourquoi toute la réalité de ces distinctions suscite en moi un profond sentiment de désolation.

 

Ce morceau de métal est distribué dans l’espoir de consolider une politique néfaste parce que c’est une politique de division, de rejet et d’asservissement. C’est la politique du fort contre le faible. Cette politique me fait revivre les années noires que nous a imposé De Gaulle.

 

Nous avons été prisonniers du système des camps, aujourd’hui nous sommes prisonniers du système de l’Etat.

 

Face à cet emprisonnement, je mène un combat acharné depuis plus de 40 ans, et utilise tous les moyens, notamment judiciaires, pour faire valoir les droits que les Harkis sont en droit d’attendre de la part de notre pays la France. J’ai connu toutes les vicissitudes liées au sort que l’on nous a réservé, et aux multiples embûches semées sur le chemin que j’ai emprunté pour défendre les droits de la communauté Harkie. Au dire de mon entourage, la pertinence de mon combat (ma dernière action a abouti à la condamnation de l'Etat) et l’éminence des services que j’ai accomplis ne fait aucun doute…

 

Pour autant, je ne cherche nullement à tirer gloire de ce combat. Je ne suis et ne serai candidat à aucune médaille !

 

En hommage à mon père décédé trop tôt, qui a toujours refusé toute distinction, qui n’a jamais eu la moindre médaille, et bien moi, Mostefa REMADNA, je suivrai son exemple, et bien que je sois très attaché aux valeurs de notre Patrie, je refuserai toute distinction provenant d’un Etat qui perpétue le mépris à notre égard et le déni de nos souffrances.

 

Mostefa REMADNA

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