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Interview

Une fille de Harki à l'honneur

Nora Arioua-Forté, blessée par les propos publiés par le journal L'EXPRESS prêtés à Richard FERRAND,

a décidé de saisir la justice pour défendre l'honneur des Harkis

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« Richard Ferrand souligne que les maires qui veulent conclure une alliance avec En marche doivent d’abord rejoindre la majorité présidentielle, histoire d’éviter d’être "les harkis de nos opposants ».

Publication du Journal L'EXPRESS :

Le Conseil des Harkis du Var (CHV) : Le journal L’Express a publié des propos attribués à Richard FERRAND, actuel président de l’Assemblée Nationale, usant du terme « Harki » comme d’un synonyme de « traître ».

 

Avant d’aborder la plainte déposée à la suite de cette publication, pouvez-vous nous décrire les sentiments que ces propos vous inspirent ?

 

Nora Arioua-Forté : A la lecture de l’article publié par L’EXPRESS, en particulier bien entendu les propos attribués à M. FERRAND nous assimilant à des traîtres, j’ai été extrêmement choquée. J’ai immédiatement pensé à mes parents, surtout à mon père.

J’ai eu une vision rétrospective de toutes les souffrances endurées par mon père, et par notre famille. La perte de tout un parcours de vie et des racines, les conditions de vie dans les camps, l’isolement, toutes les misères que nous avons eu à subir… et malgré tout cela, j’ai revu la dignité dans l’attitude de mon père, dans son regard, et sa loyauté vis-à-vis de la Patrie.

Et toute cette souffrance devrait se terminer sur un qualificatif aussi odieux. Traiter mon père de traître ! Pour moi c’est inadmissible.  

 

Le CHV : Vous avez décidé de déposer plainte. Qu’est-ce qui vous a motivé à aller au-delà d’une simple dénonciation de ces propos, et à saisir la justice ?

 

Nora Arioua-Forté : La gravité de ces propos ne peut rester en l’état. Sans réagir, nous courrons le risque d’une banalisation de ce type de propos à l’égard de notre communauté. C’est tout simplement inenvisageable pour moi. C’est pourquoi, si on ne peut pas compter sur la conscience publique, seul le système judiciaire peut mettre un terme à ce genre de pratique.

 

Il est vrai que dans d’autres cas, les associations se sont saisies de la situation par la voie judiciaire. Pour ce cas précis, en l’absence d’intervention immédiate d’une association, j’ai décidé d’agir vite.

 

Le CHV : En quelle qualité avez-vous déposé plainte ? A titre personnel ou associatif ?

 

Nora Arioua-Forté : Au départ l’action a été introduite à titre personnel. Puis je me suis rapprochée d’associations afin de donner une dimension particulière à cette action, qu’elle puisse être collective.

C’est dans ces conditions qu’une association s’est jointe à la procédure en se constituant, tout comme moi, partie civile.

 

Le CHV : Sur quel fondement juridique avez-vous engagé cette action pénale ?

 

Nora Arioua-Forté : Ma démarche auprès de mon avocat a été très simple. Je lui ai expliqué quel était mon objectif : mettre un terme à ces facilités de langage outrageant à l’égard de notre communauté, en faisant sanctionner notamment ceux qui traitent nos anciens de traitres.

 

Il en va de la mémoire de mon père et de ma mère, mais également du respect de toute une communauté dont nous faisons partie en tant qu’enfants de Harkis.

 

Les bases étant posées, mon avocat s’est chargé de développer tout l’argumentaire juridique correspondant fondé en particulier sur la notion de diffamation prévue par la loi de 1881 sur la liberté de la presse.

 

Le CHV : Avez-vous visé la loi du 23 février 2005, notamment l’article 5 qui interdit toute injure ou diffamation commise envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur qualité de harki ?

 

Nora Arioua-Forté: Oui effectivement, cet article a bien été visé.

 

Le CHV : L’avocat vous a donc confirmé qu’il y avait des éléments juridiques pour engager cette procédure ?

 

Nora Arioua-Forté : Oui tout à fait. Et ils sont d’ailleurs développés dans les documents de la procédure.

 

Le CHV : Il semblerait que M. FERRAND ait fait paraître un démenti. Que vous inspire ce démenti ?

 

Nora Arioua-Forté : A mon sens, il s’agit plus d’une rétractation que d’un véritable démenti. Au vu de la gravité des propos publiés par L’EXPRESS, il était préférable de faire rapidement paraître un démenti, d’autant qu’il disposait d’un droit de réponse.

 

Le CHV : Si je comprends bien la plainte concerne donc le journal L’EXPRESS ?

 

Nora Arioua-Forté : Tout à fait. Quel que soit l’auteur des propos, c’est le journal qui reste pénalement et civilement responsable des écrits publiés. C’est donc le journal, représenté par son directeur de la publication, Monsieur Guillaume DUBOIS, qui est visé par la plainte.

 

Le CHV : Il semblerait que l’audience ait été successivement reportée. Pourriez-vous nous relater les raisons de ces reports et nous préciser si vous y voyez des moyens dilatoires ?

 

Nora Arioua-Forté : Il est vrai que depuis la signification de la citation à comparaître délivrée le 15 juin 2018, l’audience a été reportée plusieurs fois à la demande de la partie adverse. Une première fois sur simple demande de l’avocat adverse. Une deuxième fois, par l’avocat adverse également, qui étant à Paris, n’était pas certain de la tenue effective de l’audience en raison de l’encombrement des tribunaux et a demandé le renvoi. Une autre fois, le renvoi était demandé en raison de l’intervention en cours de procédure, de l’association en tant que partie civile.

 

Le CHV : L’audience est dorénavant fixée de manière certaine au 15 juillet 2019. A l’approche de cette audience, si vous aviez un message à faire passer auprès de l’opinion publique et des membres de la communauté Harkie, quel serait-il ?

 

Nora Arioua-Forté : Je voudrais d’abord lancer un message d’union auprès des membres de notre communauté. Notre union nous permettra de lutter collectivement et efficacement contre ces atteintes réitérées avec trop de facilité à l’égard de notre communauté, et au mépris du grand respect dû à nos pères et à nos mères.

 

Notre union dans cette action sera par ailleurs un message très fort envoyé à l’opinion publique, pour parvenir à une prise de conscience collective pour qu’enfin cesse ce mépris à l’égard de notre communauté, que cela se traduise dans les actes de tous les jours, et non uniquement dans les belles paroles de certains.

 

Enfin, j’appelle toutes les personnes, sympathisants et membres de la communauté Harkie, ou simplement ceux qui condamnent les injustices, à venir nous soutenir lors de l’audience.

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Le Collectif des Associations de la Communauté Harkie d’Aix et du Pays d’Aix en Provence, présidée par Slimane DJERA, est également partie prenante à la procédure puisqu'il s'est constitué partie civile.

Le Conseil des Harkis du Var soutient cette action.

NOUS VOUS ATTENDONS NOMBREUX POUR SOUTENIR CETTE ACTION QUI NOUS CONCERNE TOUS :

Audience le 15 juillet 2019 à 14H00.

Tribunal de Grande Instance d’Aix-en-Provence

40 boulevard Carnot

13100 Aix-en-Provence

RAPPEL DES FAITS

>>Le magazine d’actualité hebdomadaire L’Express a publié sur son site Internet, le 21 mars 2018 un article intitulé « Macron, ses dîners secrets du lundi ».

 

L’article relate les discussions tenues lors d’un dîner, et prête à Monsieur FERRAND certains propos :

 

« Richard Ferrand souligne que les maires qui veulent conclure une alliance avec En marche doivent d’abord rejoindre la majorité présidentielle, histoire d’éviter d’être "les harkis de nos opposants ».

 

>>Immédiatement, Richard FERRAND fait paraître un démenti sur L'EXPRESS.

 

Un droit de réponse a été publié en ces termes :
« Richard Ferrand, député du Finistère, président du groupe La république en marche à l’Assemblée nationale, nous précise : "Je ne me reconnais pas dans la citation que vous me prêtez selon laquelle des maires qui ne rejoindraient pas la majorité présidentielle pourraient devenir "les harkis de nos opposants". Le respect de notre mémoire historique n’autorise pas ce type de raccourcis qui ne reflètent en rien ce que je pense ni même l’idée que je me fais de ceux qui ont versé leur sang pour la France".

 

>>La publication sur L'EXPRESS restant diffamatoire et injurieuse, Nora Arioua-Forté décide de saisir la justice en assignant le directeur de la publication du journal.

 

Les fondements :

 

- Article 30 de la loi du 19 juillet 1881 réprimant la diffamation envers les cours, les tribunaux, les armées de terre, de mer ou de l'air, les corps constitués et les administrations publiques.

 

- La loi n°2012-326 du 7 mars 2012 qui indique que pour l'application de l'article 30 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, les formations supplétives sont considérées comme faisant partie des forces armées.

 

- L’article 5 de la loi n°2005-158 du 23 février 2005 portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés qui interdit toute injure ou diffamation commise envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur qualité vraie ou supposée de harki, d'ancien membre des formations supplétives ou assimilés.

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